Techniques d’écritures | Portrait – Version print
Exercice universitaire | LP Techniques Journalistiques pour les Nouveaux Médias – Paris 8 Université (93)
2019 – 2020

[Portrait d’artiste]
Anne-France Dautheville, un vent de liberté

Portrait d’Anne-France Dautheville
© Philippe Matsas · Opale

Un électron libre, une personnalité indépendante, une aventurière à moto, une plume décalée, une amoureuse de la vie… Anne-France Dautheville est tout cela à la fois. Son histoire hors des sentiers et ses récits en sont aujourd’hui les témoins. Derrière ses grands yeux vifs et clairs, la septuagénaire transmet encore un vrai souffle de liberté à chacune de ses apparitions. Entre mots et moto, portrait d’une figure singulière qui suscite l’admiration.

Lorsqu’Anne-France Dautheville achète sa première mobylette en mai 1968, par soucis de locomotion lors des révoltes parisiennes, elle était certainement loin d’imaginer que sa petite Honda allait bouleverser son équilibre de vie. 

Conceptrice-rédactrice pour le compte d’Havas notamment, la jeune publicitaire avait accédé à la stabilité qu’une famille conservatrice lui avait encouragée d’obtenir. Mais la monotonie du rythme métro-boulot-dodo excède Anne-France qui rêve d’aventures plus exotiques. En organisant son premier road-trip à travers la France lors de ses congés, la jeune femme est frappée par le plaisir addictif de la découverte et la sensation de liberté procurée au guidon de sa machine. La communicante a désormais trouvé sa plus belle source d’inspiration. Celle de la passion qui mêle le voyage à moto et l’écriture. 

En quittant ses fonctions et sa vie de sédentaire en 1971, Anne-France devient la première femme à faire le tour du monde à moto. Seule femme sur 92 pilotes à prendre le départ du Raid d’Orion depuis Paris jusqu’Ispahan, elle s’élance sur une Guzzi V7 en juillet 1972 et prolonge même cette traversée continentale vers le Pakistan. De retour à la capitale, la jeune aventurière grave les souvenirs de son voyage dans Une demoiselle sur une moto, premier roman d’une belle série. Mais des rumeurs fredonnent qu’elle aurait fait le transport en camion puisque trop faible pour un tel périple en tant que femme. Furieuse et tenace, Anne-France se lance le pari d’un tour du monde en solitaire sur une Kawasaki 100cm2. Avec sa ‘presque-moto’, elle parcourt des dizaines de milliers de kilomètres et sillonnent tous les continents. Ses péripéties exaltées à travers le Canada, l’Alaska, le Japon, l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, l’Iran, la Turquie, la Bulgarie, la Yougoslavie, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne ou encore la France, relatées dans Et j’ai suivi le vent, attirent l’attention des médias qui la sollicitent pour la diffusion de ses aventures, dans une émission de France Inter, dans les papiers de Paris Match ou encore dans les rubriques de Moto Revue. Si son dernier grand voyage en Amérique latine au guidon d’une Honda 250, donnant naissance à La Piste de l’Or, remonte à 1981, sa plume décalée, son tempérament intrépide et son opiniâtreté attisent toujours la curiosité du public. 

Invitée  d’honneur des rencontres les plus notoires du milieu, le Festival du Film Moto de Côte d’Azur lui a confiée la présidence du jury de sa troisième édition, qui aura lieu à Nice, du 21 au 23 février prochains. Cinquante ans après, Anne-France repart à l’aventure vers de nouveaux horizons cinématographiques, pour notre plus grand bonheur.